Je porte ton coeur, Je le porte dans mon coeur .
- audreiybeyala
- 20 nov. 2023
- 3 min de lecture

Ces quatre derniers mois, c'est sans aucun doute la phrase que je me suis répétée continuellement :
«Certains jours sont plus difficiles que d'autres».
Le début de cette histoire remonte à la fin du mois de juin, lorsque j'ai été confrontée à la triste nouvelle du décès de mon ami Laurent.
Il m'a fallu un long moment avant de comprendre et lorsque le déclic s'est produit, j'ai vécu mon deuil d'une manière plutôt singulière. Notamment, éprouver une certaine culpabilité envers moi-même, en raison de mon manque de larmes dès le début en présence de nos amis proches qui semblaient plus réceptifs à l'annonce de son décès… Ou encore… quelques fois, avoir l’impression de porter le poids de leurs émotions et également de faire un transfert sur certaines personnes via un trop plein d’amour.
Tout ce que je ressentais à ce moment là était exacerbé, cela en devenait même flippant.
Admirer le symbole du scorpion dans toute sa splendeur ; vivre les émotions avec intensité, tout comme les autres signes d'eau.
Notes du 2 août 2023 à 03:22

Écrire un de ses témoignages a été l'une des tâches les plus difficiles que j'ai eu à effectuer depuis le début de l'année. Je me suis sentie dépourvue et j'ai surtout eu l'impression que mes paroles manquaient de profondeur.
La vérité, c’est que je suis toujours hantée par l'appel de cet ami qui retentit dans ma tête lorsqu'il m’annonce cette terrible nouvelle. C’était le 27 juin, il était 05h du matin, j’étais allongée sur le canapé et au fur et à mesure de ses paroles, je me sentais complètement déboussolée.
Depuis que Laurent n'est plus là, je me suis efforcée d'exprimer mes émotions et mes sentiments, mais mes pensées sont prises au piège dans un trou noir. Comment puis-je décrire l'impact émotionnel que j'ai ressenti en revenant au Cameroun? J'ai presque regretté de m'être éloignée du Sénégal car cela me semblait irréel.
L'écriture a toujours été un moyen privilégié pour moi d'exprimer mes émotions de manière profonde et précise. Je savais déjà que certains jours ça pourrait être difficile mais j’ignorais encore à quel point.
À l'occasion, quelques soirs, je verse des larmes en pensant à nos moments passés, tandis que d'autres soirs, je m'imagine lui parler et entendre sa voix en retour. De temps en temps, je me retrouve à proximité de son domicile et je suis à deux doigts de verser des larmes. Il m'est arrivé deux fois de ne pas pouvoir me retenir et de craquer en étant dans un taxi.

Il y a un an, en lisant ce bouquin de Chimamanda :
“ Notes sur le chagrin ” , je me suis rendue compte que j’ai très peu vécu le décès des personnes auxquelles j’étais réellement attachée. C'est la principalement la raison pour laquelle j'ai décidé de relire le livre car je n'avais pas l'impression de le comprendre, du moins pas complètement bien que certaines émotions aient été partagées.
«Un ami m'envoie une phrase de mon roman : "Le chagrin était la célébration de l'amour, ceux qui pouvaient ressentir un véritable chagrin avaient la chance d'avoir aimé." Comme c'est étrange que la lecture de mes propres mots me cause une douleur si exquise»
Dans mes paroles sur cette terre, j'ai toujours soutenu que ma seule famille est ma mère (Avant l'arrivée de mon beau-père, évidemment) et Dieu m'a enseigné que certains amis, deviennent une famille. Il est indéniable que Laurent a pris une place importante dans ma vie.

«Je t'aime, Laurent».
C'est la phrase que j'aurais aimé lui dire plus souvent et que je devais lui dire dans les moments difficiles.
Parfois, je n'ai pas été l'amie que j'aurais dû être et je lui demande pardon.
Je me rappelle encore de mes années collèges où je me faufilais discrètement pour aller à ses chills parce qu'à l'époque il n'était qu'un simple crush. (Rires) . Ces mêmes années où il m'aidait pour mes devoirs d'anglais. D'ailleurs, il me semble que c'est à ce moment-là que je l'ai surnommé «Bébé Dolait», cela devait certainement être dû à ses joues aussi volumineuses que les miennes.
Laurent possédait un cœur aussi grand que l'océan, il était un fédérateur, passionné, ambitieux, courageux, bienveillant, doté d'une intelligence et d'une culture étendues. On ne peut nier son brin d’humour qui savait parfois créer des remous. Toute la twittosphère 237 peut en témoigner.
Si je devais continuer à parler de lui, je ne me lasserais pas car il était une personne remarquable. Nous avons eu la chance de vivre de belles aventures et je lui suis reconnaissante d'avoir mis dans ma vie des personnes qui ont une place toute aussi significative à l’heure actuelle.
Apprendre le décès de son ami alors qu'on vient de sortir d'une relation qui nous a profondément blessée, c'était éprouvant…
Je préfère m’arrêter là.
Ce mois de novembre aurait marqué un an de plus pour Laurent. Comme moi.
Aujourd'hui (21/11), il aurait eu 30 ans.
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